Histoire et Collection Normandes
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Caen au XVIIe siècle (1589-1715)

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Message par airborne44 Mar Déc 16 2014, 16:18

Bonjour,

Tout au long de ce post, vous pourrez découvrir mon travail qui m'a amené à réaliser des recherches sur la ville de Caen au XVIIe siècle. Comme se structure-t-elle ? Autour de quels axes ?
Pour en savoir plus, lisez ceci : (je précise qu'il s'agit du fruit d'un travail personnel et en aucun cas la reprise d'un travail extérieur).

Au XVIIe siècle, de nombreuses villes du royaume de France se développent et se démarquent des autres, Caen, grande agglomération de la province normande ayant pour capitale Rouen est l’une d’entre elles. Ainsi, Caen est une ville grandissant sous l’ombre de Rouen, puissance politique où siègent le Parlement, la Cour des Aides et la chambre des comptes. Si l’impact politique de Caen ne fut pas considérable tout au long du XVIIe siècle, elle subit un essor relativement remarquable sur le plan économique comme culturel. Notre étude portera sur une période de 126 ans allant de l’avènement de Henri IV en 1589 à la mort de Louis XIV en 1715, et se déroulera sous le règne de trois monarques : Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. C’est sous l’impulsion de certains de ces souverains que Caen s’affirme au XVIIe comme une puissance régionale avec tout de même un impact sur le plan national. L’organisation de la ville au XVIIe subit de profondes mutations liées aux différents points dynamiques de la cité tels que le commerce ou encore la religion. Caen se présente donc comme une ville en perpétuelle mutation à cette période.
Nous pouvons donc nous demander quels sont les dynamismes qui structurent l’espace caennais au XVIIe et quelle est l’organisation de la cité.
Tout d’abord, nous nous intéresserons à l’organisation spatiale de la ville puis nous étudierons les différentes dynamiques économiques et politiques et enfin nous verrons la vie à Caen au Grand Siècle.
Voici un plan de la ville réalisé en 1705 par Nicolas de Fer (1646-1720) et qui pourra surement vous aider.
Source : wikipédia [http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_Portail:Caen/Image#mediaviewer/File:Caen_Plan1705.jpg]

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Message par airborne44 Mar Déc 16 2014, 16:19

I) L’organisation spatiale de la ville
     
     a)La population caennaise
   
   
Peu d’éléments permettent de dénombrer la population caennaise au XVIIe siècle. Les registres paroissiaux ont brûlé en 1944 lors des bombardements de la ville et il ne reste pour ainsi dire qu’un dénombrement des bourgeois de Caen (exemptés de la taille) ordonné par louis XIV et datant de 1666 qui permet de se faire tout de même une idée. Une « recherche sur la noblesse » a également été établie la même année mais certains bourgeois y figurent et notamment les « bourgeois du samedi » qui ne venaient à Caen que pour le weekend et lors des grandes fêtes.
   Néanmoins, on peut dresser une évaluation approximative de la population caennaise au XVIIe. De l’avènement d’Henri IV à 1608, le nombre d’habitant à Caen oscille entre 10 et 12 000 personnes. En 1666, on peut estimer la population à environ 25 000 habitants. Ainsi, on peut dire que Caen a subit un essor démographique assez important. Cette croissance de la population est due notamment à une immigration des populations rurales vers la ville. Ces populations viennent des rives gauches de l’Orne, du Sud de Falaise, du Bessin, du bocage virois mais aussi du Cotentin ou du Pays d’Auge mais de manière moins importante. Dans un rayon d’une dizaine de kilomètre autour de la ville, une ponction importante est réalisée à la campagne. Cette croissance démographique est un des facteurs du développement de la ville.
   Comment se répartie cette population dans la ville ? Les notables et les personnes les plus aisées se retrouvent généralement dans un secteur allant de l’église St-Jean à la rue des Geôles et de l’église St-Pierre à l’actuelle place St-Sauveur. Pour ce qui est des artisans indépendants qualifiés (horlogers, orfèvres, tailleurs, imprimeurs) on les retrouve principalement dans le centre de la ville. Enfin, pour ce qui est des travailleurs et des manouvriers, ils vivent principalement dans les quartiers St-Nicolas, St Gilles et St-Michel soit à l’extérieur du centre dynamique de la ville.
     b)Les politiques d’urbanisme

   
Tout au long du XVIIe siècle, nous l’avons vu, la population grandit. Cet accroissement démographique va donc conduire la ville à mener différentes politiques d’urbanisme, d’aménagement.
   Pour comprendre les expansions, il nous faut nous attarder rapidement sur comment est organisé la ville à la veille du « Grand siècle ». On a une organisation surtout héritée du Moyen-Âge, on pourrait qualifier Caen de « ville close » car elle a conservé l’ensemble de ses murailles protectrice qu’elle entretient régulièrement grâce au financement fournit par les différents impôts ou des dons de bourgeois. Elle a alors l’aspect d’une zone de sécurité dans laquelle on ne peut entrer que par les ponts et les 12 portes entourant la ville. On peut voir en Caen les images de ruelles étroites bordées d’habitations à colombage comme celles encore présentes rue St Pierre ou rue des Geôles cependant une grande partie est en pierre (issue des carrières entourant la ville) et le bois des colombages n’en est essentiellement décoratif et rajouté.
   La ville est aussi traversée par différentes rivières ou fleuves : l’Odon, la Noës et les grandes et petites Orne dont cette dernière constitue l’artère principale de la ville. Ce sont ces voies d’eaux qui causent aussi des problèmes à la ville et qui sont à l’origine des projets d’urbanisme. En effet, lors des crues ou fortes pluies, il n’est pas rare que l’Odon déborde et que de l’eau envahisse les ruelles, les cours ou les caves des habitations.
   Les travaux d’aménagement ont notamment lieus pendant la seconde moitié du XVIIe. On fait tomber les murailles peu à peu, on crée des places, perce des rues, construit de riches demeures bourgeoises et des bâtiments religieux. Le centre moyenâgeux est rebâtit peu à peu et la ville s’étend sur les prairies longeant les cours d’eau.
   Parmi les aménagements les plus importants on a : en 1629 un projet de remaniement de la place St-Pierre. On vend les maisons autour, les boutiques et même le cimetière. En 1635, on commence la création de la future place royale (suite à extension des murailles), aujourd’hui place de la république dont la construction sera achevée en 1685. Elle est bordée d’hôtels particuliers et est jugée comme une des plus plaisantes de la ville. Pour affirmer le pouvoir monarchique, une statue de Louis XIV y sera érigée (aujourd’hui présente place St-Sauveur après de multiples déplacements).
   On perce également des rues comme la rue St Laurent en 1669 ou la rue du Moulin en 1671. On construit des bâtiments religieux : des couvents comme celui des Visitandines en 1668, des chapelles comme celle des Jesuites (ND de la Gloriette) en 1689 ou encore des églises comme celle des Carmélites en 1626. On développe aussi des espaces verts avec la création de promenades et de nombreux jardins.
  Parmi un des développements importants figure celui de L’Isle St Jean dans laquelle on développe un quartier aristocratique avec la création d’hôtels particuliers.
En revanche, si Caen se préoccupe d’ordonner les rues et les places, il n’en est en aucun cas de l’hygiène et la salubrité des rues. Certains quartiers le long de l’Odon sont déclarés insalubres. Une anecdote : en 1682, l’abbé de St Martin (gd perso de l’aménagement de la ville) donne à la municipalité 10 000 livres pour faire venir de l’eau de source jusqu’aux fontaines. La ville accepte le projet mais ne fait pas les travaux.
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Message par airborne44 Mar Déc 16 2014, 16:25

II) Des dynamiques économiques et politiques

     a)L’essor économique caennais

   
Lors de la 2e moitié du XVIIe, Colbert va réaliser de nombreuses actions sur le plan économique pour le royaume. Par conséquent, il relance l’économie et cette action se répercute jusque dans Caen en stimulant certains secteurs grâce à certains mécanismes d’impôts que nous verrons dans la 2nde sous-partie de cette partie. Il réalise également le regroupement de métiers en corporation ou en confréries. Ainsi, en 1664 on a les cartiers ou les papetiers, en 1669 les drapiers et les tisserands, etc.
   Pour Caen, la première activité économique est le secteur textile qui recrute près de 22,3 % des ouvriers caennais et qui se développe remarquablement dans la ville dès les années 1635-1640. On trouve donc quelques manufactures de renom à Caen comme Massieu, crée en 1652 et qui est considérée à l’époque comme une des plus belles du royaume avec sa draperie fine issue de l’exploitation de techniques britanniques et hollandaises. De nombreux tissus sont produits : serge, lingettes ou encore des étoffes plus grossières comme le froc ou revêche plutôt destinés aux paysans. On voit aussi à Caen le développement de l’industrie des bas et de la dentelle qui pour cette dernière voit la participation de communautés religieuses comme les Ursulines. Lié au textile, des métiers se développent comme les teinturiers, les merciers ou encore les tanneurs (cuir) qui représentent la deuxième activité.
   D’autres activités importantes stimulent le secteur économique à Caen. Nous avons donc les carrières d’où est issue la pierre de Caen beaucoup utilisée pour la construction de bâtiments comme à Vaucelles ou à St-Julien. Mais aussi les activités liées aux produits de luxe (la lutherie, l’orfèvrerie) ou encore l’imprimerie. L’imprimerie représente elle aussi une part importante du marché avec une dizaine d’imprimeries dans Caen répondant largement aux besoins locaux. Celles cis ce situent principalement dans le quartier St Pierre et autour de la rue Froide.
   Qu’est-ce qui permet à Caen de montrer sa puissance économique aux yeux du royaume ? Les foires et les marchés. À Caen, on a 3 marchés hebdomadaires (lundi, mercredi et vendredi place du marché) ainsi que 6 foires annuelles. La foire de Caen se déroulant en avril est la deuxième plus importante du royaume. Elle trouve son origine à Henri IV qui en 1594 pour remercier la ville de sa fidélité aux navarrais, qu’il autorise à la ville de dresser une importante foire. Cette foire c’est celle de la Quasimodo, commençant 15 jours après Pâques et se déroulant sur deux semaines sur le champ de la cercle (lieu acheté aux jésuites, et rebaptisé champ de la foire royale). Cette foire est renommé jusqu’en Angleterre et y regroupe des marchands bien évidemment caennais mais aussi bretons, malouins ou encore saintongeais. Elle complète la foire de Guibray (Falaise) se déroulant en août. On y vend donc du textile, du cuir, des peaux, des épices, du beurre d’Isigny ou encore de la quincaillerie. Autres à citer : St Simon, la St Michel. Ville = réglementation très stricte de ces foires.
   Comment commerce-t-on à Caen ? Par voie terrestre et peu par le port. Le port est important mais ne crée pas un réel dynamisme du commerce maritime. Les principales activités portuaires se font lors des foires. Le problème est que la navigation sur l’Orne est difficile à cause de la probabilité d’envasement importante et des méandres qui causèrent de nombreux échouages. Ainsi, les gros navires ne peuvent pas circuler dans le port et on a donc un commerce maritime par cabotage. Le port de Caen est ainsi principalement un port d’approvisionnement où l’on échange du cidre, du beurre, poisson frai, oignons, carottes, chanvre contre du vin ou du blé de Rouen, de la morue du Havre ou encore des fruits exotiques.
   Caen a donc une importance économique sur le plan régional mais peu sur le plan national et encore moins international. Seule l’industrie textile connait un essor sur le plan international car on exporte les tissus caennais jusqu’en Angleterre ou aux Pays-Bas.

     b) L’administration de la ville

 
La ville de Caen s’organise au XVIIe autour de 12 paroisses. On a 5 paroisses de ville qui sont St Pierre, St Jean, Notre Dame, St Sauveur et St Georges. Et on a 7 paroisses de faubourgs qui sont St Gilles, St Ouen, St Michel, etc. La ville est sous une administration centralisée sous Louis XIII mais encore davantage sous Louis XIV. Malgré le fait qu’elle soit assujettie à Rouen où se trouve le Parlement (sauf entre 1589 et 1594 où il siègera à Caen) on y trouve une vicomté, un baillage, un présidial, un bureau des finances, un bureau des postes, une amirauté, une chambre des monnaies ou encore une maitrise des eaux et forêts. Tout cela laisse supposer un puissance politique de la ville tenue par ses intendants qui l’administrent en maintenant un équilibre entre le pouvoir locale et central (on peut citer parmi les intendants de la ville : Chamillart, Méliand ou Foucault) et l’hôtel de ville se situe au châtelet du pont St Pierre. Cependant, l’intendance reste liée aux Édits, arrêts et ordonnances de l’État.    
   Pendant longtemps la ville va constituer un relais majeur du pouvoir royal. On va notamment y compter un nombre important d’officiers attachés aux différents organes administratifs avec de nombreux greffiers, procureurs, huissiers ou avocats. Le gouverneur du château ne peut pas être considéré comme ayant un rôle clé. Il gère l’administration militaire mais est victime de la décadence des fonctions militaires hostiles aussi, le pouvoir royal cherche à le mettre au pas dès Henri IV mais ce sera que en 1620 sous Louis XIII qu’un premier pas de ce projet est franchis. En effet, lors de la 2e guerre de la mère au fils, le gouverneur alors le duc de Longueville François II d’Orléans qui prend parti pour Marie de Médicis, aussi, Louis XIII avec l’aide de la cité s’empare du château au terme d’un siège. Néanmoins, si le château n’a plus un réel rôle militaire, il fera office de prison et servira à enfermer les partisans de la révolte des Nu-pieds de 1639, ou encore les protestants suite à la révocation de l'Édit de Nantes.
    Il nous faut dire enfin un point sur les finances à Caen. Au temps de Colbert, la Normandie est surimposée et cela ce constate au niveau des villes. À Caen, la taille est bel et bien présente mais elle est surtout payée par les paysans car nombre de bourgeois en sont exemptés. La ville paye cher jusqu’en 1664 où elle obtient le statut de ville abonnée lui permettant de payer une somme forfaitaire de 28 000 livres contre 67 000 en 1663. En effet, avant la taille était fixée par le conseil du roi selon les marchandises entrant ou sortant de la ville. D’autres impôts indirects sont aussi payés, nous avons la gabelle sur le sel, les aides sur la boisson ou encore les octrois sur les entrées de marchandises avec notamment l’octroi du pied fourché pour les animaux (lors des foires) ou des octrois sur le beurre et la graisse.
En illustration, voici le châtelet (ou Pont St Pierre) aujourd'hui disparu. Il nous apparait ici sur une gravure de Georges Bouet réalisée au XIXe siècle :
Caen au XVIIe siècle (1589-1715) Chatel10

Et le château révélé ici par Louis Boudan en 1702.

Caen au XVIIe siècle (1589-1715) Caen_c10

Source :wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_Portail:Caen/Image#mediaviewer/File:Chatelet_caen.JPG
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Caen_chateau_1702.jpg
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Message par airborne44 Mar Déc 16 2014, 16:28

III) La vie à Caen au « Grand Siècle »

     a)La religion

   
Au XVIIe, l’activité religieuse de Caen est relativement importante. Déjà elle possédait un réseau important d’églises paroissiales et deux abbatiales mais au XVIIe une vague de création se fait jour. On a l’arrivée de pas moins de 8 communautés religieuses comme : les jésuites à la demande d’Henri IV en 1609 (et construisent leur première église (de la gloriette) en 1684), les carmélites en 1616, les Pères de l’Oratoire en 1622, les Ursulines en 1624, les hospitalières de l’hotel dieu en 1629, les visitandines en 1631, les bénédictines en 1643 et les nouvelles converties (filles de protestants) en 1658.
   Aussi, une importante communauté protestante calviniste nait à Caen. En 1608 on compte environ 7000 protestants. Ils représentent une bonne partie de la bourgeoisie et sont présents dans beaucoup de secteurs économiques. Cependant, si une bonne entente entre catholique et protestants nait au début du siècle, la cohabitation devient difficile dès 1645 avec une augmentation des mesures vexatoires et discriminatoires envers les protestants. En 1670 le bailli de Caen refuse certaines professions et les enfants sont enlevés à leurs parents pour être convertis. En 1680 l’intendant Méliand les exclus des affaires et en 1685 suite à la révocation de l’Édit de Nantes, les persécutions deviennent odieuses. Les temples sont démolis, les protestants emprisonnés, on leur impose le logement et l’entretient des soldats du roi chez eux et nombre d’entre eux sont battus à mort dans les rues. Cependant, cette exclusion provoque à partir de 1685 un déclin économique très net pour la ville. En effet, la plupart des négociants, marchands étaient protestants et suite à la révocation, ils quittent le pays pour l’Allemagne, la Hollande ou Jersey.
   La religion et plus particulièrement l’Église catholique se portent aussi auprès des pauvres et mendiants à Caen. Elle est présente dans les hôpitaux généraux où on cherche à remettre au travail les pauvres afin de les réintégrer dans la société. On crée ainsi en 1655 l’hôpital général de la Charité à Caen appelé aussi hospice St Louis. L’Église règle aussi la question de l’enseignement avec la création d’écoles paroissiales assez rependue dans Caen où un maître d’école va apprendre aux enfants à lire, écrire, chanter mais aussi enseigner le catéchisme. En 1666 on compte à Caen 10 maîtres et les écoles paroissiales marchent bien. Un personnage religieux caennais, Jean Eudes y est aussi pour quelque chose puisqu’il prône sans cesse les bienfaits de l’instruction. Des enseignements secondaires (avec 4 collèges) et supérieurs sont aussi présent dans la ville mais sont plutôt réservés à une élite. Cet enseignement a un impact important puisqu’en 1666, le taux d’alphabétisation des caennais est supérieur à la moyenne du royaume et on continue à stimuler la lecture même après l’école.

     b) Le cadre de vie et les loisirs

   
À Caen comme dans de nombreuses autres villes françaises, la vie des familles moyennes se fait dans 1 ou 2 pièces (grandes). La vie professionnelle et la vie privée y sont souvent mélangées mais il peut arriver dans le cadre des artisans ou marchands que une pièce soit dédiée au métier (l’atelier par exemple) et l’autre à la vie privée. Les pièces n’ont généralement pas d’attributions particulières, les tables sont dressées sur des tréteaux au moment des repas, les lits se trouvent derrière des rideaux, et on n’a pas de cuisine. De plus peu de chauffage existe et il consiste en général en une grande cheminée pour la pièce et rien de plus. Pas de lieu dédié à la toilette non plus puisque le lavage du corps à l’eau ne se fait pas à cette époque. De plus, les eaux de Caen, venant des différents cours d’eau ne sont pas bonnes. L’eau est constamment polluée et nauséabonde, les eaux usées coulent vers les rivières, les teintureries y déversent leurs bains, les tanneurs y lavent le cuir, les bouchers laissent les entrailles d’animaux dans la rue ce qui fait que le sang ruisselle jusqu’aux cours d’eau. La seule eau potable est puisée dans des puits ou apportée dans des tonneaux.
   Ainsi, pour la boisson cela en devient aussi problématique mais à Caen, on boit aussi du cidre, et pour les bourgeois, on peut trouver du vin d’Argences. Qu’on soit d’un milieu aisé ou pauvre, l’alimentation varie. Pour les pauvres, on retrouve beaucoup de céréales, quelques légumes et un peu de viande. Pour les milieux aisés, la nourriture est davantage diversifiée avec notamment davantage de viandes comme de la volaille ou du bœuf de plus en plus. Cependant, un point commun aux deux milieux, la consommation de céréales. On en consomme beaucoup et le pain correspond environ à 80% du repas pour les ¾ de la population caennaise. Or, autre aliment que l’on trouve à Caen c’est le poisson provenant de la pêche à Ouistreham. On a donc du hareng, du rouget, de la sole, de la raie.
   De plus, la population hors du temps de travail peut se divertir grâce aux différentes activités que propose la ville. Les commémorations d’évènements nationaux ou locaux sont les principaux loisirs, organisées par le pouvoir local on chante, on illumine les maisons ou on réalise des ballades aux chandelles dans les rues comme la veille de Noël. Il y a également des jeux comme celui du papeguay qui se déroule chaque dimanche de Mai. Les gens doivent tirer soit à l’arc, à l’arquebuse ou à l’arbalète de différentes positions selon l’arme sur un perroquet en bois ou en carton hissé en haut d’un mât. Le jeu continue tout au long du mois de mai jusqu’à ce que le perroquet soit touché. Le gagnant gagne le fait d’être exempté de certains impôts comme les taxes sur la vente de cidre ou de vin. Autre les jeux, on trouve des pièces de théâtres soit dans la rue organisée par les écoles ou alors place Royale, des jeux de hasard (dés, cartes, roue de la fortune) lors des foires, du sport rue des quais comme le jeu de paume, les échecs ou le billard très en vogue à l’époque. Les promenades le long de l’Orne font aussi partie des nombreuses activités.
   Caen a la réputation d’être aussi une ville littéraire. Son rayonnement sur le plan intellectuel et artistique lui valut le surnom d’Athènes normande. Les élites intellectuelles de la ville se retrouvent alors dans divers lieux comme l’université (crée en 1432) ou les salons comme ceux qu’organisait le marquis de Mauny gouverneur du château qui reçut des personnalités caennaises telles que Malherbe. Pour montrer l’ébullition de Caen sur le plan intellectuel, on peut citer la création en 1652 de l’académie des belles lettres de Caen ou encore de l’académie de physique en 1664, une première en France. Le plan artistique est également présent notamment la musique très présente au sein de l’Église ou lors des fêtes publiques.
Et pour illustrer, petite huile sur toile de David Teniers le Jeune intitulée Le jeu du papegai à Bruxelles et peinte en 1652.

Caen au XVIIe siècle (1589-1715) David_10

Source : wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Papegai#mediaviewer/File:David_Teniers_Vogelschießen_KHM_1.jpg
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Message par airborne44 Mar Déc 16 2014, 16:30

Pour conclure, Caen au XVIIe est bien une ville en pleine mutation. Les dynamismes économiques vont structurer l’espace et avoir un impact sur l’organisation spatiale de la ville. Cette organisation permet de rendre compte des points d’impulsion de la ville situés notamment dans le centre mais aussi à différents points précis comme la place royale ou encore la place du marché. La foire de Caen et les différentes activités qui y sont présentes comme le textile témoignent d’une puissance sur le plan économique à une échelle régionale voire interrégionale mais suite à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685 la ville subit un déclin économique. La religion prend alors une part importante dans la société et dans la vie quotidienne des caennais. On peut donc classer la ville de Caen de façon plus importante qu’une médiocre capitale régionale mais tout de même inférieure aux grandes agglomérations dominantes.

Et voilà. Pour finir, je vous joint la bibliographie qui me fut utile pour réaliser mes recherches :

Instrument de travail :
- BÉLY, Lucien (dir.), Dictionnaire de l’Ancien Régime, Paris, PUF, 1384p.

Ouvrages généraux :
-DÉSERT, Gabriel (dir.), Histoire de Caen, Toulouse, Privat, « Pays et villes de France », 1981, 345p.
-MÉRY-BARNABÉ, Christine, Caen de A à Z, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2006, 192p.

Ouvrages spécialisés :
-Du PLESSIS, Noëlla, Caen au Grand Siècle XVIIe, expositions 28 avril – 03 juin 2000, Caen, Marie de Caen, 2000, 58p.

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